Ceux qui font bouger le film d’animation en Afrique

Le film d’animation est bel et bien très présent en Afrique et bien même avant votre naissance ! (pour la plupart d’entre vous).

Les premiers courts métrages d’animation ont en effet vu le jour sur le continent dès les années 1930, avec, en Égypte, Mish-Mish Effendi des frères Frankel. Puis dans les années 50, avec les palabres de Mboloko dans le Congo Belge.

En 1965, le nigérien Moustapha Alassane réalise le premier film d’animation africain francophone, La Mort de Gandji. En 1993, sur l’ensemble du continent, on compte environ 163 films d’animation et 7 séries télévisées produits ! Et ces nombres ne cessent de croître.

Il existe aujourd’hui encore des personnes qui œuvrent pour la promotion du film d’animation en Afrique et qui y placent un véritable espoir.

GUIDO CONVENTS, celui qui lutte pour la reconnaissance du film d’animation africain

Guido Convents est un historien du cinéma. Ses nombreuses années passées à étudier l’histoire africaine lui ont permit de découvrir les richesses culturelles du continent.

Il publie un essai intitulé Image et Animation : Le cinéma d’animation en Afrique centrale.

L’ambition première de cet ouvrage est de convaincre ses lecteurs que le cinéma d’animation existe en Afrique, et ce, de longue date.

Il est, par ailleurs, l’organisateur du Festival de cinéma « Afrika Filmfestival » qui se déroule chaque année en Belgique où les films d’animation occupent une place de choix.

Aïda N’diaye et Pierre Sauvalle, ceux qui y croient dur comme fer

À la fin des années 90, en 1998 précisément, le sénégalais Aida N’diaye crée avec Pierre Sauvalle le premier véritable studio d’animation africain. C’est la naissance de Pictoon, au Sénégal. Le studio se fait connaître par le grand public grâce à sa série animée « Kabongo le Griot.

Pierre Sauvalle croit en un avenir brillant pour l’animation en Afrique et il prend cet art à bras-le-corps pour le promouvoir.

Kan Souffle, celui qui a tout compris

Dirigé par Kan Souffle, Afrikatoon s’est d’abord illustré dans des films institutionnels et des spots publicitaires. Le plus célèbre est « La Famille Tchatchallo » qu’il réalise pour le compte d’une société de téléphonie. Le spot, diffusé sous forme de série de 13 épisodes de 5 minutes… Le succès est immédiat.

Savoir transmettre des émotions, des valeurs ou sensibiliser à travers le procédé de l’animation Kan Souffle l’a compris. En 2012, il nourrit le projet d’adapter en film d’animation 3D la légende de Pokou. Une princesse Ashanti qui est aujourd’hui considérée comme l’ancêtre des Baoulé (peuple de Côte d’Ivoire). L’année suivante, le long-métrage sort et est projeté dans les salles de cinéma du pays et à travers le monde dans des festivals internationaux.

Les Africains ont ce besoin de voir des histoires et légendes de leur terroir adaptées à l’écran, quelque soit le procédé. Kan Souffle l’a compris. Les productions s’enchaînent alors. Soundiata Kéïta le Réveil du Lion en 2014, Wê l’histoire du Masque Mendiant en 2016. Des séries animées tel que Conte-nous ou La Petite Pokou.

Marguerite Abouet, celle qui s’éloigne des clichés

 L’aventure commence avec la BD Aya de Yopougon. Son but était de montrer, à travers son œuvre une Afrique positive loin des clichés. La touche en plus, c’est cette Afrique des années 70 où il fait bon vivre, où tout est beau, mais aussi où les gens ont leurs problèmes quotidiens.

Même si elle est aujourd’hui basée en France, Marguerite Abouet connaît très bien Yopougon, là où elle a vécu les douze premières années de son existence. Toute son inspiration vient donc de là.  Sorti en France en 2013, le film est nominé aux César 2014 dans la catégorie meilleur film d’animation et est traduit en plus de 15 langues !

Alors c’est qui la plus forte ?

Pierre-Marie Sindo, celui qui fait nous fait marrer

Pierre Marie Sindo fonde Sinanimation et s’oriente ostensiblement vers l’humour. Ses œuvres essentiellement réalisées en 2D. Divertir à travers l’humour, Pierre Marie Sindo sait bien le faire. Sa série C’Kéma est un carton.

Pierre Marie Sindo s’est orientée vers une excellente niche qui mériterait d’être mieux exploitée. Une chose une certaine, les Africains aiment rire.

Daniel Kamwa, celui qui conjugue politique et film d’animation

Il  écrit et réalise en 2015 le film Turbulences en 3D-4k, une première sur le continent.  La technique utilisée est certes impressionnante, mais ce qui attire encore plus l’attention, c’est la thématique abordée dans son œuvre. À travers son film, Daniel Kamwa dénonce la mauvaise gouvernance, la corruption et tous ces maux qui sont un frein au développement véritable de l’Afrique. Le film est donc satire politique.

Le sujet étant très sérieux assez délicat, Daniel Kamwa a justement utilisé le procédé de l’animation pour édulcorer certains malentendus sans pour autant atténuer la force du message véhiculé.

Angelin Paul, celui qui déniche les nouveaux talents africains…

… dans le domaine de l’animation.  Il est connu pour avoir collaboré avec Marguerite Abouet Sur Aya de Yopougon et sur Akissi.

Producteur de films d’animation, il crée sa structure GHWA Productions basée en France.  Angelin Paul veut tendre la perche aux passionnés africains de l’animation qui, après leur formation, ont des difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle, ou qui même par simple passion veulent exprimer leur talent.

Des tests de recrutement sont donc, à cet effet, organisés pour les techniques d’animation et un atelier d’écriture pour les scénaristes.

Notons GHWA sera également présente en Afrique précisément à Abidjan sous l’appellation de GHWA Afrique.  GHWA Afrique sera donc un studio d’animation et un centre de formation spécialisé en Animation 2D, 3D, Motion Design, prise de vue réelle et mapping.

Jean Michel Kibushi, celui que rien n’arrête

Jean Michel Kibushi a démontré qu’avec le manque le moyens, de compétence et de volonté politique, l’on peut réaliser des choses extraordinaires. Son impressionnante filmographie dans le domaine de l’animation nous le prouve. Crapaud chez ses beaux-parents en 1991, Muana-Mboka en 1996, Ngando en 2008, Kinshasa septembre Noir en 1992, Caravane pour le Sankuru en 2007, L’héritier en 2000.

À l’instar de Daniel Kamwa, Jean Michel fait également de la satire politique qu’on perçoit surtout dans.